Personnages célèbres honorées par « La Costelle »

Eugène Mathis

Biographie

Eugène Mathis.

Né le 7 septembre 1864, Eugène Mathis est l'aîné d'une famille de 7 enfants, famille paysanne dont la ferme reste encore accrochée sur les flancs ensoleillés de la Beurée. Dans ce paysage peut-être bucolique, mais tellement chargé de labeur, il va se confondre avec ce milieu paysan, auquel il restera, toujours avec modestie, profondément attaché.

On est pauvre chez les Mathis mais cette pauvreté n'empêche pas la famille d'être rigoureuse dans l'éducation des enfants. Aussi Eugène Mathis fréquente-t-il assidûment l'école de Fraize, une école payante et non encore obligatoire. Il y côtoie les enfants de son âge avec lesquels il parle le patois, tout comme il le parle à la maison. Il partage leurs mots, leurs histoires, rapporte celles que sa grand'mère lui conte. Il court la forêt et les champs et s'enivre d'images. Tel un appareil photographique, il enregistre des paysages que son imaginaire va plus tard recréer dans ses romans et poésies. Et puis il lit, il lit beaucoup, pour autant que les travaux des champs le laissent libre. C'est ainsi que vont se construire les fondations de l'édifice Eugène Mathis fait de passion du terroir, d'imaginaire, et d'histoire. C'est tout cela qui va entrer en osmose dans son oeuvre à coup de mortier de plume.

Eugène Mathis à la tête de l'école de Scarupt en 1884.

Au contact de l'école, entre les mains de son instituteur Joseph Colin, l'enfant du hameau s'affine rapidement. Ayant découvert sa curiosité, sa force de travail et sa capacité créatrice, le maître l'encourage dans ses études et l'incite à devenir instituteur.

Nous sommes alors dans les années 1880. L'école laïque, gratuite, obligatoire que la République et Jules Ferry mettent en place trouvent en Eugène Mathis un de ces nombreux maîtres d'École qui vont apporter la lumière du savoir dans la France rurale, avec ce sens sacré d'une laïcité tolérante. Eugène Mathis n'avait-il pas envisagé d'être prêtre ? Chrétien, laïc, admirateur sans bornes de Jules Ferry, Eugène Mathis exerce humblement son métier d'instituteur et de directeur d'école de 1882 à 1923, d'abord à St-Dié puis à Fraize, à Habeaurupt, hameau de Plainfaing et dans la plaine des Vosges, en zone rurale, d'où il ne revient que pour sa retraite.

Ces « années d'exil », c'est ainsi qu'il les nomme, vont l'attacher à jamais à sa terre natale. Elles construiront le poète, l'historien et romancier local que l'on connaît aujourd'hui. C'est d'ailleurs dans cet exil que paraissent ses premières œuvres, poétiques celles-là, car c'est à coups de vers, souvent alexandrins, qu'il nous a confié sa nostalgie. C'est vrai que cette poésie-là, plus proche de Chénier et Leconte de Lisle que de Rimbaud, Verlaine ou Apollinaire, est aujourd'hui un peu désuète mais elle est dans les canons de son temps. Loin des cercles littéraires, il suit les modèles qu'il connaît en s'illustrant à travers des prix littéraires, tel celui des « Poètes de Clocher » en 1907. Connaissant l'amour qu'il porte à son terroir, on devine aisément les thèmes développés dans ce recueil poétique où la sincérité et la sensibilité restent toujours présentes.

Eugène Mathis vers la fin de sa vie.

La collaboration à la revue régionale « Le Pays Lorrain » en 1904 marque un tournant dans la démarche littéraire d'Eugène Mathis. A partir de ce moment-là, le poète va laisser place à l'historien-romancier. La rencontre avec Charles Sadoul va le conduire sur le chemin de l'Histoire mais sa sensibilité et son imaginaire l'empêchent, pour notre bonheur, d'être un historien et seulement cela. Attaché à la vérité historique, il ne résiste pas à la tentation de romancer son discours et d'apporter à son récit authentique la touche de rêve derrière laquelle le poète continue toujours de se cacher.

Alors va s'éclore toute son œuvre, cousue de photographies accumulées depuis l'enfance, de constructions romanesques et de faits historiques avec lesquels il ne triche pas. L'homme a trouvé sa voie et sa puissance de travail et de recherche font le reste.

Ainsi naissent « Les Héros, gens de Fraize » tout premier prix Erckmann-Chatrian que l'écrivain reçut en 1925 des mains du Maréchal Lyautey, et prix Monthyon 1926 de l'Académie Française. La Guerre de Trente Ans est décrite ici avec force détails vrais, d'espace et de temps, tandis que Colon et Mariette, nés de son imagination viennent prendre place dans cette saga épique. Puis c'est le « Côlî d'Our » où l'écrivain nous plonge dans un conte en patois avec le but avoué de sauver le dialecte local. Il le dit d'ailleurs dans la préface : « Je m'estimerai heureux si j'ai pu seulement sauver quelques débris d'un dialecte qui, pendant de longs siècles, traduisit la pensée trop souvent douloureuse de nos aïeux ». Pour cela, il va, avec talent, et en vers, transcrire un langage oral dont il donne, toujours en vers, la traduction simultanée. Plus tard, c'est un lexique local des patois de la Haute-Meurthe qu'il réalise, dictionnaire qui fait encore référence aujourd'hui dans toute la région, malgré les nuances dialectiques locales que l'on sait. Enfin, puisant dans la tradition orale, il nous livre ces malicieux « Contes et fiauves lorrains ».

Et puis, pour ne pas oublier quelques unes de ses œuvres, il faut citer « La Fille du Diable » et « L'Héritière des Spitzemberg » dans le droit fil de « Les Héros, gens de Fraize ».

Le poète reprendra ses droits à la fin de sa vie avec « La Forêt Vosgienne » et « Aux champs de Fraize », tant il est vrai qu'il n'a jamais renoncé à la poésie.

Le 18 Octobre 1933, après avoir perdu son épouse l'année précédente, Eugène Mathis s'éteint à Nancy à la suite d'un cancer. Ses obsèques ont lieu à Fraize deux jours plus tard mais, même si la foule y est nombreuse, selon la volonté de cet homme modeste, on ne prononce aucune allocution. Ses deux enfants, Yvonne et René, s'attachent alors à faire paraître les œuvres que leur père n'avait pas, pour diverses raisons, publiées de son vivant. Ce sera le cas pour « L'Héritière des Spitzemberg », « La Forêt Vosgienne » et « Aux Champs de Fraize » , œuvres dont nous avons parlé précédemment. Bel hommage filial !

Longtemps, le « Comité Eugène Mathis » s'est attaché à sauvegarder sa mémoire. En faisant rééditer 71 ans après sa mort, « Les Héros, gens de Fraize », l'Association « La Costelle » ne fait que suivre la même voie, tant il est vrai que, comme la plaque de rue qui porte son nom nous l'indique, Eugène Mathis est « enfant de Fraize ». Il n'a voulu que cela et n'a jamais rien revendiqué d'autre !

La ville de Fraize, en 1937, a su rendre hommage à l'un de ses concitoyens des plus remarquables, donnant son nom à la rue où il séjourna à la fin de sa vie.

Nota : La biographie ci-dessus est donnée en post-face à la réédition de 2004 de « Les Héros, gens de Fraize » par l'Association « La Costelle ».

Lire aussi les textes de M. Victor Lalevée Président du « Comité Eugène Mathis » la Conférence donnée en l'honneur de Eugène Mathis le 27 février 1938 sous les auspices de la Société Philomatique Vosgienne (bulletin de 1938, p. 125), le nouvel hommage, prononcé 20 ans plus tard (Annonces des Hautes Vosges, n. 477, 1958) et l' hommage prononcé l'année suivante par Joseph Valentin.

Bibliographie

publications posthumes :

Toutes les œuvres de Eugène Mathis n'ont pas été publiées de son vivant. Son fils René, après en avoir publié sous forme de feuilleton dans Les Annonces des Hautes-Vosges, (L'Héritière des Spitzemberg, Cœur et Raison) les a regroupées par la suite sous forme de livres. .

Le fonds Eugène Mathis

Tous les remerciements de La Costelle vont à Monsieur Michel Mathis (arrière-petit-fils d'Eugène Mathis), qui, après avoir hérité des manuscrits réunis par ses parents, les a légués à l'association. À charge pour elle d'en assurer la diffusion et la conservation et c'est pour elle une très grande fierté.
Ce fonds n'est pas exhaustif, et différentes pièces originales sont encore disséminées dans la famille. Dans le but de le compléter, l'association serait heureuse d’accueillir au moins des copies ces pièces. Tous les manuscrits et documents du fonds sont consultables sur demande auprès du président de l'Association.

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© La Costelle. Dernière mise à jour le 13/06/2020 à 16:39 
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